La démarche d’Anaïs Lelièvre est riche de toutes sortes de préoccupations, de forme et de fond, qui interrogent la relation du corps à l’espace. Quels que soient les lieux où elle intervient, l’artiste vise à réaliser des œuvres qui opèrent en relais de celle-ci dans l’intelligence d’une histoire, sans narration, et d’un ressenti, libre de toute expression. Dans un partage avec l’autre, pour ce que « c’est le regardeur qui fait l’œuvre », comme le disait Duchamp. Sa démarche relève d’une expérience phénoménologique - tel que l’art minimal en a usé – et de la quête d’un être-là, nourri du vécu d’une mémoire. Elle en appelle à la mise en jeu des rudiments d’un habiter qui lui permet non seulement de saisir la part subtile de l’esprit des lieux où elle s’arrête, mais de l’inscrire au compte d’une réflexion involutive sur la question de l’œuvre et la possibilité de ses métamorphoses. – Philippe Piguet