Germaine Richier (1902-1959), surnommée L’Ouragane par ses intimes en référence à l’une de ses sculptures, naît en 1902 en Provence. Elle suit un enseignement classique à Paris au sein de l’atelier de Bourdelle, ancien élève de Rodin, dont la technique marquera durablement sa pratique artistique.
Cette sculptrice consacre l’ensemble de ses recherches plastiques à la figure humaine. Elle réalise d’abord des nus et des bustes réalistes pour ensuite faire évoluer son travail vers des figures hybrides. Richier met en place les bases d’un langage singulier, proposant un dialogue fort entre l’humain et la nature. Elle pousse l’expérience jusqu’à greffer dans le plâtre des branches d’arbre, des feuilles, des pierres et toutes sortes d’éléments organiques.
Germaine Richier traite la matière sur le mode de l’érosion et la travaille par entailles, griffures, jouant sur une esthétique de l’accident avec une grande modernité pour son époque. Par la violence de son traitement, elle explore de nouvelles images de l’humanité, dans une époque marquée par la guerre. Son travail confronte la sauvagerie des conflits et la fragilité de l’esprit humain, dans des œuvres émouvantes et puissantes.
La couleur occupe une place constante dans les œuvres des dix dernières années de sa vie. Elle apparaît sous différentes formes : peinture, émail ou verres colorés. « La couleur est là, non pas pour suggérer un détail, mais pour bouleverser l’unité de la forme, renforcer l’étrangeté de l’œuvre, créer des effets de matière, attraper et surprendre le regard. (...) Elle lui permet aussi de collaborer avec des ami.e.s peintres comme Maria Helena Viera da Silva, Hans Hartung ou encore Zao Wou-Ki »1.
Richier est l’une des premières sculptrices françaises à avoir pu jouir d’un succès international de son vivant. En 1952, elle a déjà exposé dans de nombreux musées en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne ainsi qu’aux États-Unis et en Amérique du Sud. En 1956, elle est aussi la première femme à présenter une rétrospective au Musée National d’Art Moderne de Paris. L’année 1959 sera marquée par une rétrospective au Musée Picasso à Antibes, mais également la dernière du vivant de l’artiste. Trop jeune, Germaine Richier décède en 1959, à l’âge de 57 ans.
La Galerie de la Beraudière est heureuse de dédier à cette artiste hors norme une exposition centrée sur l’utilisation de la couleur dans ses œuvres et se réjouit de collaborer avec le talentueux Charles Kaisin qui réalisera la scénographie. Un catalogue sera publié à cette occasion.